Fin du congé de maternité : et après?

Panorama et conseils pour aider les jeunes mamans à décider si ça vaut le coup de retourner bosser après leur congé maternité, dans l’intérêt de l’enfant, de la mère et du couple.

Travailler après bébé : chaque situation est différente

A l’issue du congé maternité, certains retours au bureau se font la mort dans l’âme : culpabilité de laisser ses enfants, rage de ne pouvoir faire autrement financièrement, peur de ne pas réussir à assurer sur tous les fronts. D’autres ne se font pas du tout (démission) ou sont reportés (congé parental). D’autres encore, à l’opposé, sont attendus, voire anticipés. Tout est possible, sans que l’on ait forcément réalisé ce qu’on voulait avant d’y être confronté…

Florence, maman de Gaspard, 2 ans et demi, et de Joseph, 4 mois, doit reprendre le travail dans un mois et demi, mais elle espère que sa patronne va la mettre en 4/5e ou même carrément la licencier économiquement ! Cela peut paraître surprenant de compter sur la crise pour ne plus travailler, mais Florence « angoisse à mort de reprendre le boulot. Pour le premier j’en ai pleuré pendant une semaine après l’avoir laissé chez sa tata, et ça m’arrive encore quand je n’ai pas le moral. Alors laisser les deux, je vais être une fontaine ! ».

A l’opposé Delphine, maman de Juliette et d’Elvis, a eu hâte de reprendre le boulot après son deuxième enfant. Elle précise toutefois : « je connaissais la nounou (la même que pour mon grand) et elle est extra, donc même pas peur ! ». Alix, elle, a carrément repris le travail avant la fin de son congé maternité : « après deux enfants nous avons voulu un petit troisième, qui s’est révélé être… des jumeaux ! J’étais ravie, mais quand ils sont arrivés j’ai vite réalisé combien c’était fatiguant de s’occuper d’eux toute seule toute la journée… Je le vivais mal, je devenais aigrie et impatiente avec les aînés. Quand les jumeaux ont eu trois mois, j’ai pris une nounou et je suis retournée travailler, renonçant aux trois mois de congés qu’il me restait sans regret ! Je me suis vite sentie plus épanouie ainsi, et, même, paradoxalement, plus disponible pour mes quatre enfants ».

Qu’il s’agisse du premier ou du dernier enfant, la question de savoir si on retourne travailler ou pas renvoie chaque femme à son histoire, c’est-à-dire à sa manière de vire la maternité, à sa conception de l’éducation des enfants, à sa relation au travail et à sa situation de vie (en couple ou non…).
Du côté des pères, attention aux amalgames : opter pour un congé parental ne doit pas forcément être le fait de la mère, surtout si elle gagne plus !

Profiter du congé maternité pour faire le point

Futurs parents, profitez de la pause occasionnée par l’arrivée de bébé pour vous interroger sur ce que vous voulez vraiment, et réorganisez votre vie en fonction de vos nouvelles priorités. Travail à temps partiel ou cessation totale d’activité, congé parental d’éducation, besoins de formation, envie de reconversion, changement d’horaires, de poste ou de société, création d’entreprise…  « Considérez que tout est ouvert », conseille Sylvie Sanchez-Forsans, psychologue du travail. « Un congé maternel ou parental est une période propice pour prendre de la distance, se projeter dans le futur, réfléchir à ses besoins professionnels. N’hésitez pas à faire part de vos réflexions et désirs à votre hiérarchie ».

Mathilde, 28 ans, enceinte de son premier enfant, s’est décidée pour un congé parental d’au moins un an. Elle compte profiter de ce temps-là « pour monter quelque chose », car elle n’a vraiment pas envie de reprendre son ancien boulot. Laurence, elle, prendra six mois de congé parental rémunéré par la Caf, mais souhaite négocier un changement de poste à son retour pour être plus proche de son domicile. « Si ce n’est pas possible, je chercherai un autre emploi, voire j’essayerai carrément de me reconvertir, même si avec la crise de cette fin 2009 ça va pas être évident… ».

Mais la crise a-t-elle réellement changé la donne ? Les femmes hésitent-elles plus à « lâcher » leur travail pour s’occuper des enfants ou pour trouver autre chose de plus pratique ou motivant ? On sait ce qu’on laisse mais on sait pas ce qu’on retrouvera, entend-on parfois. « En fait, je ne constate pas vraiment d’impact de la crise à ce niveau », tempère Sylvie Sanchez-Forsans. « De toute façon, les parents doivent plutôt prendre cette situation comme un paramètre supplémentaire de réflexion, pas comme l’unique paramètre ».

S’arrêter de travailler après bébé, puis-je me le permettre ?

A celles qui aimeraient bien arrêter de travailler pour s’occuper de leur bébé mais qui redoutent que la perte de revenu soit trop importante, nous conseillons de faire un calcul en « coût complet » : calculer d’un côté le revenu mensuel net d’impôt du foyer avec les salaires des deux parents, et de l’autre le revenu avec un seul salaire (n’hésitez pas pour cela à utiliser les simulations en ligne du Trésor Public sur www.impots.gouv.fr ).

A partir du différentiel des deux, enlevez les frais liés à la garde des enfants (crèche, nourrice, centre de loisirs…) mais aussi à votre activité professionnelle (restauration d’entreprise, frais de transports, deuxième voiture…). Vous obtiendrez ainsi la perte de revenus réelle, de laquelle vous déduirez encore l’allocation de congé parentale si vous pouvez en bénéficier. Au final, il n’est pas rare qu’il soit financièrement intéressant de s’arrêter de travailler… Ou du moins que la différence de revenu entre les deux situations soit moins importante que ce que l’on avait pu imaginer.

Reprendre le travail après bébé – Eléments juridiques

Les salariées qui reviennent dans leur entreprise après un congé maternité ou un congé parental doivent retrouver le poste qu’elles occupaient avant leur congé de maternité et toucher le même salaire. Elles bénéficient en outre d’un examen par la médecine du travail, au plus tard dans un délai de huit jours après la reprise, qui permet d’apprécier leur aptitude à reprendre leur ancien poste, voire une éventuelle nécessité d’adaptation ou réadaptation aux conditions de travail.

Sachez qu’il est aujourd’hui possible de démissionner après son congé maternité sans avoir à effectuer de préavis et sans avoir aucune indemnité de rupture de contrat à payer. Attention cependant, il faut en informer son employeur 15 jours avant la fin du congé. Et si, dans l’année suivant la rupture de contrat, vous souhaitez reprendre le travail, vous conservez la possibilité de demander d’être réembauchée par priorité dans l’entreprise (cf. code du travail L. 122-28).

Devenir assistante maternelle : une solution pour concilier travail et vie de famille ?

Celles qui ont choisi de continuer à bosser doivent s’attaquer à l’épineuse question de la garde d’enfant : faire des casting de nounous, prendre une jeune fille au pair, jongler avec les mamies, les voisines, les autres mamans et un/e jeune payé au noir et pour faire le lien entre la fin de la nounou/de la crèche/de l’école et le retour des parents… Une sacrée organisation, souvent digne d’une grande entreprise, et qu’un grain de sable peut pourtant balayer du jour au lendemain ! Pour en venir à bout sans y laisser leur moral et leur chemise, certaines ont choisi de devenir assistante maternelle : elles gardent ainsi leur enfant à la maison tout en gagnant de l’argent en accueillant un ou deux autres bambins en plus. La solution idéale ? Encore faut-il en avoir les capacités et un logement adapté…

Après son deuxième enfant, Catherine n’avait aucune envie de reprendre son boulot de secrétaire « avec des horaires de dingues, où je rentrais crevée et énervée et sans voir mon mari car lui est cuisinier et travaille midi, soir et week-end « . Elle voulait un travail qui lui laisse du temps pour ses enfants, de préférence à domicile pour aussi voir son mari, et dans lequel elle puisse s’épanouir. « De nombreuses personnes m’ont poussé à faire les démarches pour être assistante maternelle, car j’ai un bon contact avec les enfants. Un jour je me suis lancée, et un mois après j’avais l’agrément. Aujourd’hui je m’occupe de trois enfants et j’ai aussi du temps pour les miens le soir après l’école et durant les vacances. J’organise des activités avec tout le monde et mon mari est bien content de me retrouver lorsqu’il rentre du boulot. Le bonheur ! » A méditer…

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