Parrain et marraine de votre enfant : A quoi servent-ils?

En France, à l’heure des mariages mixtes, des familles monoparentales ou recomposées, et surtout d’une baisse sans cesse plus importante de la pratique catholique, que signifie donner un parrain et une marraine à son enfant ?

Un rituel religieux ou républicain

Malgré les transformations de la société et le recul de la pratique dominicale, les parents catholiques baptisent toujours leur enfant. En 2006, on comptait ainsi 322 225 baptêmes d’enfants de 0 à 7 ans (source : Annuaire statistique de l’Eglise – 2006). Chaque année, les fêtes catholiques de l’Ascension comme de la Pentecôte sont d’ailleurs propices à la célébration des baptêmes, communions ou professions de foi, cérémonies qui mettent en évidence le rôle du parrain et de la marraine de l’enfant. De leur côté, certains ont remis au goût du jour le baptême républicain, histoire de nommer un parrain et une marraine sans passer par l’Eglise. Mais qu’il soit laïc ou religieux, le parrainage se caractérise toujours par un engagement auprès de l’enfant et de ses parents.

Le baptême religieux

Baptiser vient du verbe grec ancien baptizein, « plonger dans un liquide ». Pour l’Église catholique, le baptême signe l’entrée dans la communauté chrétienne, c’est une renaissance. Autrefois, le baptisé plongeait dans l’eau tout entier. Aujourd’hui, le plus souvent, on verse de l’eau sur son front.
Les enfants sont généralement baptisés dans leur première année, mais nombreux aussi sont les parents qui préfèrent attendre pour laisser l’enfant choisir.
 « C’est au cours du 6e siècle en Orient et du 8e en Occident qu’apparurent les parrains et marraines pour le baptême des petits enfants. Ils représentent une parenté spirituelle. Ils ont un rôle essentiel au cours de la cérémonie du baptême, d’autant que la mère n’y assiste pas, l’accouchement étant alors considéré comme une souillure », explique le père d’Izarny  sur son site d’informations chrétienne (www.cybercure.fr). Pendant longtemps, la tradition voulait que ce soit la grand-mère du côté maternel et le grand-père du côté paternel qui soit choisi pour faire office de marraine et de parrain. Aujourd’hui, les parents choisissent plutôt des parrains et marraines de leur génération, dans leur entourage familial ou amical.
Reste que le parrain et la marraine doivent être baptisés (au moins un des deux). Cela étant, un couple peut tout à faire être parrain et marraine d’un enfant, un parrain et une marraine peuvent avoir plusieurs filleuls dans leur vie et, innovation plus récente, les chrétiens divorcés remariés qui mènent une vie chrétienne peuvent aussi être parrain ou marraine.

Transmettre la foi

« En acceptant de s’engager, parrain et marraine doivent aider les parents à transmettre à leur enfant la foi catholique. Le baptême est  le don de la foi, comme en témoigne la profession de foi que font les parents, parrain et marraine au cours de la cérémonie. Après le baptême, ces derniers s’engagent à aider leur filleul à grandir dans la foi. Ainsi, ils seront présents lors des grandes étapes de sa vie chrétienne : première communion, profession de foi, confirmation. Le rôle du parrain et de la marraine a aussi une dimension humaine, qui consiste à créer avec leur filleul un lien affectif, un climat de confiance et de compréhension qui prend des formes différentes selon l’age de l’enfant, et qui peut être considérable durant la période difficile de l’adolescence », précise le père d’Izarny.
Ce lien est entretenu par des petits cadeaux et par des lettres si on se voit rarement. En cas de décès des parents, la responsabilité morale des parrains et marraines est renforcée, mais la loi civile (en France) ne leur reconnaît aucun statut particulier.

Le baptême civil

Avec le temps, la notion de parrain et de marraine a évolué et s’est laïcisée. Des parents ont remis à l’honneur la tradition du baptême républicain, instituée par la Révolution française. « La véritable origine du baptême républicain est la loi du 20 septembre 1792 (an I), qui retira aux ecclésiastiques le soin de tenir les registres, et créa notre Etat-civil moderne en le confiant aux officiers d’Etat-civil. La seconde référence est la fête de l’Être Suprême, célébrée le 20 prairial an II (8 juin 1794) présidée par Robespierre, instituant un calendrier de fêtes républicaines et établissant le culte à l’Être Suprême, qui se juxtaposait au culte de la Raison. Dans ce contexte, le baptême civil venait marquer symboliquement l’entrée dans la vie citoyenne. Camille Desmoulins est souvent présenté comme son inspirateur. Cette cérémonie, laissée à la responsabilité des municipalités, n’a jamais été consacrée par la loi, et peu à peu est tombée dans l’oubli. Ce n’est que depuis une dizaine d’années qu’elle a repris du service, selon des règles coutumières. Ainsi la mairie de Paris ne célèbre des baptêmes civils que depuis 1995 », explique l’avocat Gilles Devers sur son blog.
Le baptême civil n’existe donc qu’en France et il est assuré par les maires. Il n’existe pas de texte officiel qui prévoit cette cérémonie, donc un maire ne peut y être contraint. Le parrainage républicain est aujourd’hui parfois une façon de manifester le soutien aux sans-papiers.

Parrain, marraine : un engagement moral

Le baptême civil a pour but de célébrer la naissance de l’enfant et le faire adhérer aux valeurs républicaines. L’engagement des parrains et marraines, de nature symbolique, n’en est pas moins un engagement moral fort, prononcé devant le maire, officier d’Etat Civil. Aujourd’hui, le rôle humain du parrain et de la marraine républicains est peu ou prou le même que celui des parrains et marraines catholiques : accompagner et compléter l’éducation d’un enfant par un lien de confiance privilégié. Dans un baptême civil, un enfant peut avoir deux parrains ou deux marraines.
Témoignage d’Armelle A. : « Après le baptême de Cyril, la secrétaire de la mairie a fait une collecte auprès des invités et nous a demandé à quelle association où autre (dans le domaine public) nous voulions faire donation de l’argent récolté. J’ai trouvé que cela illustrait bien les valeurs républicaines que nous, avec le parrain et la marraine, voulions transmettre à notre fils : dignité, liberté, égalité et solidarité. »

Ce que dit la loi au sujet des parrains et marraines

Le certificat de parrainage civil et religieux n’a pas de valeur légale. Le maire n’est pas autorisé à inscrire le baptême républicain sur le registre de l’état civil, et il n’existe pas de registre spécifique pour le consigner. Qu’il s’agisse d’un baptême religieux ou civil, parrains et marraines ne sont donc pas tenus d’assumer la garde de l’enfant en cas de décès des parents. Ils ne sont pas forcément tuteurs de leur filleul, même s’ils font parties du cercle familial, car le tuteur est désigné par le juge de tutelle et le conseil de famille. Parrain et marraine n’ont aucun droit, mais si l’on désire qu’ils soient les tuteurs des enfants, on peut le préciser dans son testament notarié ou sous-seing privé (article 398 du code civil).

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