Quelle contraception après l’accouchement?

Certains font le choix d’avoir plusieurs enfants coup sur coup et n’envisagent donc pas de contraception entre chaque enfant. D’autres se protègent, préférant prendre le temps de la réflexion. D’autres encore sont surpris par l’annonce d’un petit dernier qu’ils n’espéraient pas. Le point sur la contraception après l’accouchement avec le docteur Jean-Pierre Kutner, gynécologue obstétricien et spécialiste de la procréation médicalement assistée.

Allaiter: une contraception limitée dans le temps

L’allaitement est une méthode de contraception fiable : VRAI

« Le fait d’allaiter, grâce aux hormones et en particulier à la prolactine, bloque les oestrogènes, indispensables à une reprise de cycle. Sans activité ovarienne, il n’y a pas d’ovulation et donc pas de grossesse possible ».

 

Quand on commence à sevrer bébé, il faut une contraception si on ne veut pas retomber enceinte : VRAI

« L’allaitement protège de la grossesse tant qu’il est complet, que la maman donne le sein 6, 7 ou 8 fois par 24 heures. Dès qu’elle se met à sevrer bébé, c’est-à-dire à diminuer la fréquence de l’allaitement dans la journée, même peu sensiblement, ses ovaires peuvent se remettre à produire des oestrogènes et il peut y avoir ovulation… Et grossesse ! »


Une femme qui allaite ne peut pas prendre la pilule : FAUX

« Une femme qui allaite peut prendre la pilule… Mais attention, pas n’importe laquelle. La pilule habituellement prescrite est une association oestro-progestative, oestrogènes et progestérone. Or, les oestrogènes ne peuvent être admis pendant l’allaitement puisqu’ils passeraient dans le lait et seraient néfastes au bébé. En cas d’allaitement, une seule contraception orale est possible. Il s’agit d’une pilule uniquement progestative – connue en France sous le nom de Cérazette – et qui sera prise tous les jours en continu à partir du moment où la femme sait qu’elle préfère se protéger… Et ce tout de suite après l’accouchement. » 

Contraception et accouchement: après le retour de couche

On ne peut pas tomber enceinte avant le retour de couches : FAUX

« Bien sûr que si ! Après l’accouchement, le système va se remettre en route en à peu près 4 à 6 semaines, parfois 8. Et il peut y avoir apparition d’une ovulation même avant les règles suivantes, les toutes premières après l’accouchement, celles que l’on appelle « retour de couches ». Il y a des femmes qui ovulent avant. Parfois, elles consultent parce qu’elles s’inquiètent de ne pas avoir ce retour de couches et puis on ausculte et on s’aperçoit qu’elles sont enceintes à nouveau. »

 

Il faut attendre quelques mois avant de poser un stérilet : VRAI

« Après un accouchement, avant de poser un stérilet, il faut que l’utérus ait involué, c’est-à-dire qu’il ait retrouvé son volume initial, celui qu’il avait avant le grossesse. Et pour cela, il faut attendre au moins 3 ou 4 mois. A ce moment-là, dès que l’on pose le stérilet, petit appareil que l’on met dans la cavité utérine, la femme est immédiatement protégée. »

 

Un stérilet ne peut être envisagé que si l’on ne veut plus d’enfants : FAUX

« Non, pas du tout. D’ailleurs, stérilet est un nom que beaucoup d’entre nous, professionnels comme patients, n’aiment pas parce que cela fait penser à stérilité. Alors, on peut aussi appeler cela un dispositif intra-utérin (DIU). Il existe différents types de DIU, dont certains pour les jeunes femmes qui n’ont pas d’enfants, plus petits car leur utérus est un peu moins gros et un peu moins long. L’idée que le stérilet est « réservé » à des femmes qui ont déjà plusieurs enfants est vraiment une idée reçue. »

 

Pour une contraception après la grossesse réussie

 

L’implant contraceptif n’est pas fiable : FAUX

« L’implant contraceptif est arrivé assez tard en France, vers 2001. Il est au contraire très fiable et il élimine le risque d’oubli de pilule ! C’est un progestatif seul, chimiquement le même produit que la pilule Cézarette, la seule que l’on puisse donner aux femmes qui allaitent. Il peut donc leur être prescrit aussi. La seule chose, c’est qu’un implant ne se met pas « à l’essai », au contraire d’une pilule que l’on peut arrêter quand on veut, puis reprendre, puis arrêter ! En principe, cela dure trois ans… On peut bien sûr l’enlever avant, par un petit acte chirurgical chez son médecin. Mais disons que le système de l’implant est moins souple ».

 

La méthode de la courbe de températures est à oublier : VRAI

« La courbe de températures n’est jamais fiable, même en dehors de toute grossesse et de la période de post accouchement. Je m’explique : la courbe a deux paliers. En première partie de cycle, avant l’ovulation, la température est dite basse, classiquement en dessous de 37°. Ensuite, elle passe au-dessus de 37 et elle y reste. La petite marche entre ces deux paliers correspond non pas à une ovulation mais à une post ovulation. C’est-à-dire que quand l’élévation est constatée, on est déjà après l’ovulation. La courbe ne sert donc pas à prévoir son ovulation… Pas non plus à s’en prémunir. Alors bien sûr, une femme qui est toujours très bien réglée, qui surveille sa température et qui ovule tous les mois au 14ème jours peut anticiper… mais avec une marge d’erreur possible. Elle peut avoir eu 8 cycles très réguliers et, d’un coup, un 9ème différent. »

 

Qlaira : le nouveau bébé des laboratoires Bayer

Il s’agit d’une toute nouvelle pilule oestro-progestative dont la particularité est d’âtre fabriquée avec des oestrogènes « naturels », c’est-à-dire dont la formule chimique est exactement la même que celle des oestrogènes fabriqués par les ovaires.

 

Les laboratoires Bayer qui l’ont conçue l’annoncent comme une révolution. Qlaira est une pilule avec moins d’effets secondaires et qui réduit notamment les risques cardio-vasculaires notamment chez les fumeuses. En revanche, la présence d’oestrogènes l’interdit aux femmes qui allaitent. Les gynécologues, quant à eux, attendent quelques mois – et l’expérience des utilisatrices – pour se prononcer sur ce produit.

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