Diversifier l’alimentation de Bébé : qui va lentement, va sainement !

La diversification alimentaire, on connaît: c’est la période, plus ou moins longue, où l’on introduit petit à petit d’autres denrées que le lait dans les menus de bébé. Pendant ce temps, ses dents, sa fonction digestive, son goût et sa compétence à manger se développent. Jusqu’au jour où l’on invite avec fierté notre petit dernier à partager la table familiale. Mais comment y arriver sans y laisser la santé de bébé, nos nerfs et notre sublime pull en mohair ?5225

Diversification de l’alimentation de bébé trop précoce et allergies

Les allergies alimentaires sont de plus en plus fréquentes. Elles ont doublé en 5 ans ! Aujourd’hui, 6% des enfants d’âge scolaire sont concernés. Pour limiter les dégâts, on s’est aperçu qu’il fallait démarrer la diversification alimentaire bien plus tard que ce que nous, nos mères et grand-mères ont connu, c’est-à-dire théoriquement pas avant les six mois de l’enfant. Mais qu’en est-il dans la réalité ?

Pourquoi la diversification de l’alimentation de bébé doit être progressive

Depuis 1981, tous les 8 ans, le Syndicat français des aliments de l’enfance (SFAE) publie les résultats d’une enquête TNS-Sofrès sur le comportement et la consommation alimentaire des enfants de moins de 3 mois (non allaités). En 2007, on apprend ainsi que ces nourrissons mangent mieux et que la diversification alimentaire se fait de plus en plus tard, en moyenne vers 5 mois, contre 4 mois il y a 8 ans. C’est toujours un peu trop tôt, mais l’évolution est positive.

Bébé mange: frites prohibées

En revanche, après le passage à la cuillère, l’évolution du comportement alimentaire est beaucoup trop rapide :
– 80% des enfants de plus de 2 ans consomment des frites (dont 50% régulièrement, soit 1 ou 2 fois par semaine) ;
– 84% des 31-36 mois mangent des plats tels que pizzas et lasagnes ;
– 13% des 13-18 mois et 74% des 31-36 mois consomment des sauces type ketchup et mayonnaise une fois par semaine ou un peu moins souvent ;

– 81% des 31-36 mois consomment occasionnellement de la charcuterie ;
– 12% des 13-18 mois et 61% des 31-36 mois boivent des sodas, le plus souvent occasionnellement
– et 87% des 31-36 mois mangent des sucreries.

« entre 12 et 36 mois, plus de la moitié des enfants mangent régulièrement comme les adultes. Or, souvent, cette alimentation n’est pas adaptée à leurs besoins », explique la pédiatre Catherine Romain. « S’il est bon que les enfants s’assoient à table avec leurs parents, ces derniers doivent alors adapter leur alimentation. En particulier éviter les graisses cuites (fritures) et modérer la quantité de sel. Car plus on mange salé enfant, plus on mangera salé adulte. Or, sur le long terme, une consommation excessive de sel crée de l’hypertension. Les quantités de nourriture doivent aussi être surveillées : un enfant de un an pourra manger 50g de viande ou de poisson ou un œuf par jour, 70g à deux ans et 90g à trois, pas plus. »

Attention aussi à consommer suffisamment d’acides gras essentiels, indispensables pour la maturation du système nerveux des petits.

Education de bébé au goût: ne pas sacrifier le plaisir de manger

Il reste que « tous les médecins n’abordent pas la diversification alimentaire de la même manière : plus ou moins dirigistes, ils peuvent influencer la spontanéité des mères et le rythme de l’enfant », explique le pédiatre Armand Malka dans L’art de  nourrir les bébés  (Albin Michel).

Malgré tout, la plupart des parents admettent que la diversification alimentaire entre dans le champ de compétence du médecin. Alertés par la large médiatisation des maladies comme l’obésité infantile, le diabète et les pathologies cardiovasculaires, ils sont plus attentifs aux étiquettes des produits. « La qualité de la nutrition des tout-petits détermine de façon prépondérante et peut-être définitive ce que sera leur santé à l’âge adulte, affirme A. Malka, mais ceci « ne doit pas occulter la dimension de plaisir et de découverte qui s’offre lors de la diversification. »

En matière de plaisir, la pédiatre Catherine Romain constate que les parents qui travaillent font souvent des efforts, notamment de présentation, dès qu’ils ont un peu de temps, le week-end et pendant les vacances. Sinon, pendant la semaine, « mieux vaut miser sur les surgelés et les plats pour bébés, parfaitement équilibrés, plutôt que de leur faire manger nos plats cuisinés trop gras ».

Diversification de l’alimentation de bébé, mode d’emploi

Discutez avec votre médecin de l’âge adéquat pour débuter la diversification de Bébé. Une fois que vous avez son aval, commencez par faire goûter à votre tout-petit des fruits et des légumes en soupe, en purée ou écrasés. Pour éduquer son palais, la diversification doit être… diversifiée.

A vous d’explorer avec Junior les nombreuses variétés de fruits, de légumes et d’herbes aromatiques, en gardant les fruits exotiques pour la fin. On démarre par un fruit ou un légume l’un après l’autre, puis on peut les mélanger. Vers huit mois, on introduit la viande (jambon blanc sans gras, volaille, viande blanche puis rouge bien cuite).

Enfin, on attend son premier anniversaire pour introduire le poisson. Astuce : quand maman allaite, mélanger le nouvel aliment à un peu de lait maternel favorise l’appétence de l’enfant pour le nouvel aliment !

Alimentation de bébé : Des menus qui prennent de la consistance

De 6 à 18 mois, on passe doucement des soupes aux compotes puis aux purées (lisses puis épaisses) et enfin aux petits morceaux, quitte à revenir en arrière de temps en temps. Attention à ne pas rester trop longtemps au « tout mixé » : l’enfant a besoin de mâcher pour développer sa mâchoire et son voile du palais, pour pouvoir bien parler ensuite.

Cela dit, il n’est pas question de lui donner à manger des morceaux sans être présent, car il y a risque d’étouffement. Sachez que les tout-petits ont la capacité d’autoréguler leur alimentation : ils ne mangent que ce dont leur corps a besoin. On ne les force donc jamais à finir leur assiette, au risque de brouiller leurs repères de satiété. Et à les « bloquer » psychologiquement.

Bébé mange: pas besoin d’assaisonner!

Au départ, les aliments ne seront pas ou très peu salés, sucrés ou pimentés. On privilégie les produits frais et les surgelés qui ont gardé toutes leurs vitamines. Votre bout de chou ne va pas forcément tout aimer de prime abord : on n’hésite donc pas à lui représenter plusieurs fois le même aliment.

On s’adapte, aussi : certains ne mangent la soupe qu’à la cuillère, d’autres qu’au biberon… Et surtout, surtout, on continue à donner du lait ! A 6 mois, on remplace une des quatre tétées ou biberons par un repas, et à 9 mois, on compte deux tétées/biberons (souvent le matin et au goûter) pour deux repas (midi et soir). Soit 500 ml de lait par jour (sous la forme qu’on veut, lait, yaourts, fromages) pendant… au moins trois ans.

Bébé grandit: les mêmes plats que vous,mais adaptés!

Selon Philippe Grandsenne, pédiatre et auteur de « Bébé, à table ! » aux éditions Hachette Pratique, on peut à partir d’un an faire découvrir notre loustic ce que l’on aime, tout en suivant quelques règles simples pour éviter les allergies alimentaires. Ne les surprotégez pas, les bébés aiment les goûts forts, ils peuvent découvrir avec surprise et plaisir le goût du roquefort et celui des cornichon… mais évitez la moutarde, très allergisante.

Par ailleurs, si vous désirez que votre enfant mange comme ses parents, imposez-vous les mêmes règles  diététiques que lui. Grâce à lui, vous allez réapprendre l’équilibre alimentaire ! Si vous optez pour des petits pots tout faits, ouvrez l’œil. Certains ne contiennent en effet que 10% de légumes, le reste n’étant en fait souvent que de la farine de maïs.

Côté équipement, pour éviter de laver, relaver, et finir par jeter les habits soigneusement « décorés » par Bébé, investissez dans des chemises-tabliers des bavoirs en plastique à large rebord. Veillez enfin à ce qu’assiette et couverts soient à sa taille.

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