Au Secours, bébé ne mange pas !

Une cuillère pour maman, une cuillère pour papa, une cuillère pour tata… rien à faire, votre enfant met un temps inimaginable à manger une assiette plus petite que celle du chat. Vous avez tout essayé : le petit train, l’avion, le tramway même, la ruse, la patience, la menace, rien ne marche et pour cause…

Bébé ne mange rien

Bébé, votre enfant pleurait toutes les larmes de son corps pour que vous le nourrissiez, aujourd’hui, c’est vous qui le suppliez d’ouvrir la bouche. Ironie de la vie quand on sait que l’alimentation de notre enfant, dès sa naissance, devient la préoccupation essentielle de notre vie de mère, que nos battements de cœur se calquent sur le nombre de cuillérées avalées par notre enfant. Toutes les mamans le savent, devant l’obstination de notre enfant à refuser la béquée, on se sent terriblement vulnérable, diminuée, épuisée…

Votre enfant est en bonne santé générale, il est souriant, épanoui, il grandit et grossit de façon harmonieuse ? Alors, dans vos moments d’angoisse et d’impatience, répétez-vous en boucle le conseil de votre pédiatre : « Votre enfant ne se laissera pas mourir de faim ». Forte de cette phrase que vous avez faite vôtre, à votre tour désormais de narguer votre enfant.

Dédramatiser le repas

La stratégie est simple mais efficace : à table, faites comme si de rien n’était.
–       Servez-lui des portions adaptées à son âge et à son appétit
–       Ne lui faites pas de menu sur mesure s’il est en âge de manger comme vous
–       N’obligez pas votre enfant à manger, ne faites d’ailleurs aucune allusion pendant le repas
–       Ne le grondez pas s’il ne mange pas et a contrario, ne le félicitez pas non plus s’il mange
–       Ne le laissez pas seul à table pour qu’il finisse son assiette, débarrassez-le en même temps que vous, même s’il n’a pas fini ou même     
        commencé !
–       Ne l’autorisez pas à picorer entre les repas mais laissez-le faire si, en cachette, il mange un bout de pain, pas étonnant qu’il ait faim.

Bref, ne dramatisez rien, moins votre enfant aura la pression pendant les repas, moins vous vous intéresserez au sort de son assiette, moins vous rentrerez dans son jeu et plus rapidement il prendra ou reprendra des habitudes alimentaires « normales », celles de manger aux heures des repas, sans stress ni menaces, mais à sa faim. Si l’enfant se rend compte que ses parents accordent moins d’importance aux repas, il prendra moins de plaisir à les contrarier.

Des repas un peu plus festifs

Votre enfant vous fait penser à un ruminant ? Il mâchouille inlassablement le même morceau de viande pendant des heures, les yeux dans le vide ? Pour donner ou redonner à son enfant l’envie de manger, il est important de lui proposer des plats qu’il aime, de lui faire découvrir de nouvelles saveurs sans le contraindre, de le faire manger dans une ambiance détendue et conviviale. Le repas doit être un moment de partage et non de conflit.

Les plats aussi peuvent être un peu plus festifs. Votre enfant n’a pas forcément besoin de manger les traditionnels entrées, plats, fromages, desserts à chaque repas, offrez-lui la possibilité de picorer, faites des petites assiettes façon tapas, vous verrez très certainement votre enfant manger un peu mais de tout…

Quand ça devient pathologique : caprice ou néophobie

Pathologique ne veut pas dire catastrophique, il se peut que votre enfant fasse de la néophobie.
Les jeunes enfants refusent en effet parfois les nouveaux aliments que leurs parents leur présentent. Ce refus alimentaire, relativement courant, s’appelle la néophobie. Elle apparaît en moyenne vers les deux ans de l’enfant. Souvent interprétée à tort comme un caprice ou un excès de mauvais caractère, elle peut aussi traduire un réflexe d’autoprotection face à l’inconnu. Si cette néophobie alimentaire touche la plupart des enfants, elle disparaît naturellement vers l’âge de 6 ans. Sans pour autant être une fatalité, la meilleure arme pour lutter contre est la patience. Il faut persévérer et présenter sans cesse à son enfant ces aliments « tabous ». Jour après jour, ces derniers deviendront de plus en plus familiers et ne susciteront plus aucune crainte.

Vers l’anorexie infantile

Nombreux sont les parents paniqués devant le refus de manger de leur enfant et ce, quel que soit l’âge de l’enfant. Dans la quasi-totalité des cas, les enfants sont normaux, en bonne santé, avec uniquement des besoins nutritionnels inférieurs à la « normale », une normalité souvent excessive dans notre société de consommation où il faut toujours consommer plus, même sur le plan alimentaire. Forcer un enfant à manger peut avoir des conséquences, comportementales et/ou psychosomatiques et entraîner des troubles du comportement alimentaire.

Très tôt – trop tôt – le rapport de l’enfant à la nourriture est faussé. Manger non plus par besoin mais parce que cela devient un ordre n’a plus rien de naturel. Lorsque le parent devient tyran, il est nécessaire de consulter (pédiatre, médecin, psychologue…). On ne nait pas père ou mère, on le devient. Nos peurs, notre propre vécu, notre vision des choses ont parfois des répercussions sur notre façon de nous comporter avec nos enfants. Dès lors qu’il y a souffrance, il faut se faire aider, conseiller, guider dans notre vie de parents bien intentionnés.

Témoignage : Sophie, 31 ans – maman d’une petite fille de 5 ans

« Par deux fois ma conduite a eu une influence « négative » sur le comportement alimentaire de ma fille, entraînant des troubles pas forcément graves mais aux conséquences notoires sur sa façon de s’alimenter. La première fois, elle devait avoir à peine 18 mois quand j’ai décidé de consulter un psychologue parce que ma fille refusait tout simplement de manger et que j’en souffrais. Entre autres problèmes, nous nous sommes rendu compte que ma fille se calquait sur mon comportement. En effet, je lui demandais de manger alors que moi-même je ne mangeais pas ! Je suis du genre à ne prendre ni petit-déjeuner, ni déjeuner et le soir quand je dinais avec mon mari, ma fille était couchée… Du coup, elle ne me voyait pas manger… jamais. Il a fallu que je change mes habitudes, que je me mette à table avec elle, qu’on partage un repas, qu’elle me voie enfin manger et les choses se sont vite rééquilibrées. La seconde fois est toute récente. Pendant un mois, ma fille se plaignait de maux de ventre. On est allé une, deux, trois fois successives chez le pédiatre sans pour autant trouver quoi que ce soit. Un jour, l’école m’appelle d’urgence, ma fille était pliée en deux, elle hurlait de douleur. Avec le pédiatre, on discute des soucis que nous rencontrons son père et moi à l’heure des repas, de la pression constante exercée sur ma fille, que ce soit à la maison ou à la cantine. Ma fille n’a pas grand appétit et mange lentement, très lentement, ce qui a le don de stresser son père et d’agacer les aides maternelles à l’école. Du coup, chaque repas était source de cris, de menaces, de punitions… Ma fille était en train de développer des troubles alimentaires qui se traduisaient par des souffrances physiques. Aujourd’hui, je refuse que quiconque hausse la voix sur ma fille pendant les repas, ni lui mette la pression pour qu’elle termine son assiette. Elle a reprit une alimentation normale, à un rythme qui est le sien et son ventre ne la fait plus souffrir. Ces deux expériences m’ont invitée à réfléchir autrement : ce n’est pas tant ma fille qui a un problème, c’est peut-être moi qui, inconsciemment, influence son comportement ».

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