Bébé 2.0: du bon usage des tablettes

Les tablettes envahissent les foyers, ciblant de plus en plus les enfants. Dès 18 mois, les enfants peuvent maintenant explorer des applications conçues pour eux sur la tablette de leurs parents, ou même jouer sur des « baby tablettes ». Quels sont les bénéfices de ces nouveaux outils ? Présentent-elles des dangers pour les tout petits ?

Dans les mains de Léo, six ans, la tablette tactile de papa et maman. « Regarde », il dit avec des yeux ravis en désignant le dossier portant son nom sur le menu de l’appareil. « J’ai des jeux, des puzzles et tout. Ca, c’est pour les enfants ». Pour Eric, le papa trentenaire, la tablette est un outil incroyable pour jouer, comme pour apprendre. « Il n’est pas question que Léo passe sa journée devant la tablette », il explique. « On sélectionne avec soin les applications qu’il utilise. Quand on élimine les jeux un peu débiles, il y a une foule d’applications très bien faites. Par exemple, on lui a trouvé une application de puzzles en 3D : ça lui permet d’appréhender les formes, de les faire évoluer dans l’espace et de faire travailler sa logique, c’est très ludique. »

Tablette, nouveau baby-sitter électronique ?

Le site internet américain Schools.com nous apprend dans une récente étude que plus d’un parent américain sur cinq donne à son enfant un smart phone, un iPod ou un iPad pour l’occuper quand il doit aller faire les courses… Alors, la tablette est-elle le baby-sitter moderne de nos têtes blondes ? Il semblerait en tous cas qu’elle soit un outil bien utile pour les parents.

Mais si beaucoup de parents et de pédiatres considèrent les tablettes présentant un réel intérêt pédagogique, la question divise. « A la maison, la tablette n’est pas un jouet pour les enfants », explique Yesmine, maman de deux petits garçons de cinq et sept ans. « Notre tablette nous sert à travailler. Même si il existe plein d’applications pour les enfants – et elles sont certainement très bien faites – pour nous c’est clair : rien ne peut remplacer les jouets. » Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle cette maman refuse de céder sa tablette à ses deux fils. 

Chacun sa tablette !

Si les marques de tablettes s’intéressent aux enfants, ce n’est pas pour rien : 85 % des mères d’enfants de 1 à 6 ans qui possèdent un smartphone ou une tablette affirment que les petits sont attirés par l’appareil. C’est ce que nous apprend l’Institut des mamans, qui s’est intéressé à la question dans une étude réalisée au mois de mai 2012. Mais l’étude révèle également que 91 % des mères craignent que leur enfant abîme leur tablette ou leur smartphone quand elles le lui confient. D’autre part, elles redoutent à 82 % qu’ils n’accèdent à des contenus non appropriés.

L’utilisation des tablettes adultes n’est donc pas des plus rassurantes compte tenu de la fragilité de leurs composants et de l’accès à Internet souvent en continu. Des tablettes spécifiques, adaptées à l’âge de l’enfant, sont présentes sur le marché du jouet et offrent des fonctionnalités tout aussi performantes, mais avec une robustesse et une ergonomie adaptées aux plus jeunes. Les applications qui les accompagnent sont de plus en plus nombreuses et soumises aux mêmes exigences de pédagogie et d’accessibilité au premier âge.

Les enfants, nouvelle cible des développeurs

Sur le marché de ces tablettes spécifiques, un grand nombre de tablettes sont annoncées pour Noël 2012. Le fabricant de jouets VTech annonce, pour le mois d’octobre, la sortie de deux tablettes : Storio 2, qui s’adresse aux enfants de 3 à 9 ans, et son Storio Baby qui vise les enfants à partir de 18 mois. « Un iPad, c’est bien, mais c’est fragile et cher. Et cela reste avant tout le « joujou » des adultes. Leader du jouet éducatif depuis plus de 30 ans , nous avons conçu la tablette Storio 2 afin qu elle soit utilisable pour un enfant dès 3 ans , voire 18 mois pour la version Baby : elle est ultra-robuste, intuitive, tous les contenus sont parlés, donc l’enfant n’a pas besoin de savoir lire pour l’utiliser. Nos applications ont une forte valeur éducative pour un apprentissage par le jeu. Tous les contenus complémentaires – 1000 d’ici la fin d’année – que nous mettons à disposition sur notre centre de téléchargement « Explora Park » sont sécurisés et rigoureusement sélectionnés par nos experts en éducation », nous confie Vincent Legoupil , directeur marketing de la marque VTech.

L’interview : Edwige Antier, pédiatre

Doit-on s’inquiéter du fait que de plus en plus d’enfants utilisent des tablettes ?

Ce sont des outils qui multiplient les potentialités du tout petit, il ne faut absolument pas en avoir peur dès lors que vous en partagez l’usage avec l’enfant.

Présentent-elles de réels intérêts ludiques ?

Elles donnent accès à la réflexion sur des concepts habituellement inaccessibles sans la maitrise de l’écriture et de la lecture. Elles exercent à la résolution d’énigmes. Le cerveau du petit humain se pose des questions sur son environnement mais manque de support pour guider sa réflexion. Avec un bon programme et juste ses petits doigts, il avance à grands pas. C’est ludique mais surtout très intellectuel !

Selon vous, y a-t-il un âge avant lequel les enfants ne devraient pas les utiliser ?

Avant deux ans et demi ou trois ans, les petits doigts ne savent pas glisser, effleurer, ils appuient trop fort. Mais avec l’aide des parents, c’est passionnant dès douze mois !

Les tablettes sont-elles en passe de remplacer les bons vieux jouets ?

Absolument pas ! Ce sont des ardoises magiques mais l’enfant ne délaissera jamais ses voitures et ses poupées qu’il peut manipuler et emmener dans ses propres rêveries.

Qu’ont de plus les jouets ?

Ils sont habités par l’imaginaire de l’enfant, qui prête à ses jouets une pensée, des émotions, et projette sur eux ses chagrins et ses joies. Les jouets permettent de mettre de l’ordre dans ses émotions ; la tablette met de l’ordre dans ses idées.

Les parents doivent-ils limiter le temps passé devant la tablette ?

Absolument ! Réfléchir à haute dose, faire des efforts avec les doigts, être déçu parce que la manipulation échoue… fatiguent. Mais surtout, les parents doivent toujours partager le jeu sur la tablette, pour guider vers le programme sensible et adapté, et pour donner sens aux interactions avec l’enfant.

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