Masser bébé: massages du monde pour enfant

En Inde, en Asie ou en Afrique, le massage des enfants est traditionnel. Si certains gestes se retrouvent d’une culture à l’autre, l’approche et la finalité peuvent différer. En France, des centres/masseurs enseignent aux parents ces massages du monde, comme Olivier Wannebroucq, masseur ayurvédique à Paris.

Masser bébé: respecter la relation maman bébé

CM : Quelle est votre formation ?

OW : J’ai suivi deux ans de formation au massage bien-être au centre Tapovan, à Paris, plus des sessions complémentaires autour de la maternité, pour masser le couple avant la conception, masser la femme enceinte au fil des mois, masser la femme après la naissance et masser les bébés suivant les techniques indiennes. Pour ces derniers, on apprend sur des mannequins.
Je n’ai pratiqué que sur mon fils… Et quand j’enseigne ce massage (en libéral ou en centre), c’est également à partir d’un mannequin, car l’ayurveda considère que parent et enfant forment un univers, en particulier la maman qui pour le bébé fait partie intégrante de la conception qu’il se fait de lui-même.
Par respect pour cette relation privilégiée mère/enfant, c’est la mère qui masse en priorité son petit, et non pas le praticien.

CM : D’où vient le massage ayurvédique ?

OW : Le massage ayurvédique, grand régulateur et tonifiant, est une des branches de l’ayurveda (de ayus, la vie, et veda, la science, la connaissance), la médecine traditionnelle indienne vieille de plus de 5000 ans.
La médecine ayurvédique est holistique, c’est-à-dire qu’elle s’attache au bien-être de la personne dans son ensemble (contrairement à la médecine occidentale, qui soigne morceau par morceau).
Son but est de restaurer le lien corps-esprit. L’ayurveda est une médecine préventive comme la médecine chinoise traditionnelle, à pratiquer tous les jours pour un bien-être durable dans la vie, tant individuelle que familiale et sociale. Elle est composée de règles d’hygiène aussi bien physiques que mentales.
Selon ces principes, un bébé est massé à partir du 28e jour – le premier mois est consacré à la mère, avec des massages restructurants -, puis tous les jours… toute sa vie ! Le massage n’est pas thérapeutique en soi (à moins d’utiliser des huiles médicinales), mais il participe au bien-être général de la personne.
En fait, dès que bébé sait bien marcher, son attention est focalisée sur son environnement. Il faut alors s’adapter, fragmenter le massage, jusqu’à ce que plus grand, il l’accepte à nouveau.
En 2004, j’ai participé à un livre sur la question, qui a été réédité, « Le massage des bébés selon la tradition ayurvédique ».
« Aujourd’hui, l’ayurveda est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé comme une médecine à part entière. En France, elle n’est pratiquée que dans son approche bien-être ».

Masser bébé, c’est d’abord communiquer

CM : Quelles sont les particularités du massage indien pour bébé ?

OW : C’est un massage à l’huile douce (carthame, sésame, amande, noix de coco…).
Associée au massage qui la fait pénétrer en profondeur, elle augmente les défenses de la peau.
Côté main, le massage ayurvédique des bébés est caractérisé par un toucher à la fois doux, enveloppant et ferme. Le but est la préservation du circuit énergétique.
On part des extrémités (pieds, mains ou tête) et l’on remonte vers le cœur, les gestes s’enchaînent logiquement, sans rupture, sur un même rythme (on peur s’aider d’une musique classique ou traditionnelle).
On utilise la paume de la main et la pulpe des doigts (pas le bout), pour des mouvements en cercle, en tenailles, de friction, de lissage, d’étirement, de tapotement, de pince. Au début, les parents sont souvent trop attentifs à ce qu’ils font, alors qu’il s’agit avant tout de communiquer avec bébé.
Mais plus on masse, moins on focalise sur la technique ! Des mouvements préparatoires et de post-massage, inspirés du yoga, complètent le massage ayurvédique. Le bébé est allongé devant soi, sur une table ou sur les jambes du masseur, cette dernière position ayant l’avantage de maintenir le contact avec l’enfant.

CM : Masse-t-on différemment chacun des bébés ?

OW : Oui. Suivant les principes de base de l’ayurveda, il existe dans la nature cinq éléments ou « humeurs » que l’on retrouve en tout : l’eau, la terre, le feu, l’air et l’éther. Ces éléments sont regroupés en trois combinaisons possibles ou « dosha ».
Chacun naît avec les trois dosha, mais l’une peut prédominer : ainsi, tel bébé sera plutôt vata (air et éther), pitta (feu et eau) ou kapha (eau et terre). Cette « cartographie » personnelle détermine nos caractéristiques physiques et mentales.
Par exemple, un bébé vata est plutôt mince, frêle, très tonique, parfois même nerveux, il bouge beaucoup. Les vata sont des personnes régies par le mouvement, très cérébrales, imaginatives et artistes. Le massage devra les ramener à la terre, il sera lent et appuyé, mais ne durera pas plus de cinq-dix minutes (surtout les premiers temps).
De son côté, le bébé pitta est régit par la bille : il aura une belle peau douce, sera bien proportionné, voire musclé. Les pitta sont des personnes entreprenantes, observatrices, douées, mais qui peuvent aussi piquer de grosses colères.
Le massage ne sera ni trop calme ni trop rapide, et après une colère, il se fera dans le sens inverse des aiguilles d’une montre pour ralentir le métabolisme.
Enfin, le bébé kapha est plutôt un gros bébé, calme, souriant, sympathique. Les personnes kapha ont des qualités de stabilité, de force et de créativité en gestation, mais un déséquilibre de leur dosha principale peut amener de l’inertie et de la paresse. Le massage sera donc assez énergique, et il pourra durer plus longtemps.

CM : Quels sont les bienfaits du massage ayurvédique ?

OW : Pour les bébés en particulier, le massage ayurvédique développe ses fonctions psychomotrices, son système immunitaire et son ouverture au monde.
Ses os seront plus solides, ses muscles plus souples, sa peau plus résistante et soyeuse, son mental plus serein, son sommeil plus régulé.
Au cours de la vie, notre constitution individuelle ne change pas (on aura toujours la ou les mêmes dosha qui prédomine(nt)), mais les expériences, les émotions, l’environnement peuvent amener un déséquilibre, pouvant engendrer dysfonctionnement et maladies. Le massage va ramener l’équilibre entre les dosha, purifier les « nadi » (les canaux énergétiques), donc optimiser le corps.

Tout un univers de massage

Sur le continent africain, le massage se pratique généralement avec le beurre de karité ou l’huile de palme.
Au Maghreb, on utilisera plutôt de l’huile d’olive. Ils commencent dès la naissance et se poursuivent jusqu’au trois ou quatre ans de l’enfant, sont fermes et rythmés.

En Afrique sub-saharienne, le massage est suivi de séances de suspensions, par un bras puis l’autre et par le cou, puis le bébé est retourné tête en bas, tenu par les chevilles. Enfin il est projeté en l’air, afin de développer sa vigilance.
Inutile de dire que ces pratiques sont réservées aux Africaines expérimentées!

En Chine, le massage Tui Na, une tradition millénaire, est pratiqué dès la naissance et pendant les cinq premières années de l’enfant, pour maintenir l’équilibre des énergies – le « Qi ».

Quelques références pratiques pour masser bébé
En Suède, le massage à la fois tendre et vigoureux prépare les bébés au sommeil, les apaise et les rassure. Aujourd’hui, en France, le massage pour bébé s’inspire le plus souvent du massage indien, du massage suédois, de la réflexologie et du yoga.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.