La mort subite du nourrisson

Mieux connue mais toujours inexpliquée, la mort subite du nourrisson reste la principale cause de mortalité pour les moins d’un an.

La mort subite du nourrisson est, en Europe, la principale cause de décès chez les enfants de moins d’un an. Encore mal connu, le phénomène a diminué de façon significative ces dernières années, passant de 1500 décès annuels dans les années 90 à moins de 300 aujourd’hui. Notamment parce que nombre de décès provoqués par des mères atteintes du syndrome de Munchaüsen ne sont plus pris en compte dans le dénombrement de la mort subite du nourrisson.

La mort subite frappe des enfants ne présentant jusque là aucune pathologie. Elle survient majoritairement avant les 8 mois de l’enfant (entre 2 et 4 mois le plus souvent). On distingue la mort subite du nourrisson, dont les causes peuvent être établies, avec plus ou moins de certitudes, après autopsie, et la mort inexpliquée du nourrisson, cas dans lequel on ne parvient pas à définir les raisons du décès.

Mort subite: les garçons plus touchés que les filles

De nombreuses études cherchent à définir les raisons de la mort subite. D’après les statistiques et sans qu’on puisse toujours l’expliquer, certains groupes seraient plus à risque que d’autres.


Le phénomène touche majoritairement les garçons (2/3 des cas). Plus fragiles et exposés aux problèmes respiratoires, les prématurés sont également plus concernés. Les enfants souffrant de malformation cardiaque ou pulmonaire sont à surveiller.

Le nombre de cas augmente en situation de grossesses multiples (jumeaux, triplés, etc). Si un des jumeaux décède, l’autre doit être suivi sur une courte période à l’hôpital. Lorsque le cas s’est déjà présenté dans la famille, un suivi particulier est à prévoir.

Les causes de la mort subite

La mort subite s’explique par différentes causes : sans en dégager une en particulier, on pense aujourd’hui qu’il s’agit d’un ensemble de dysfonctionnements arrivant au même moment.

Dans 60 à 70 % des cas, un reflux gastrique œsophagien est responsable de la mort, en provoquant l’étouffement du bébé. Si le phénomène de reflux est normal chez le nourrisson, des reflux excessivement abondants et faciles peuvent être des signes avant coureurs. De même, des pleurs incessants lors des biberons indiquent un problème.


L’hyperthermie est souvent mise en cause : ne parvenant pas à réguler sa température, le nourrisson peut mourir d’un coup de chaud prolongé, dû à une fièvre rapide et importante (plus de 40°), ou à un surplus de couvertures. Attention aux infections sévères, déclenchées en cas de grippe par exemple.

La mort subite peut également résulter d’un malaise prolongé dû à une hyperréactivité vagale : l’enfant réagit à une douleur, à un spasme par une baisse du rythme cardiaque amenant à une perte de connaissance. Détectée, l’hyperréactivité peut être traitée.

De nombreux bébés meurent en s’étouffant durant leur sommeil. En cause, des couvertures inutiles ou une mauvaise position lors du coucher.

Prévenir la mort subite: coucher bébé sur le dos pour éviter le pire

Si le nombre de décès liés à la mort subite du nourrisson a considérablement diminué, c’est en grande partie grâce à la prévention.

En premier lieu, la façon de coucher bébé : dans les années 80, la consigne était de le coucher sur le ventre. Loin d’empêcher les bébés de s’étouffer lors des reflux (raison avancée à ce moment là), cette façon de faire a engendré un grand nombre de décès par asphyxie. La consigne est donc aujourd’hui de les coucher sur le dos (comme avant…), de façon à les aérer et empêcher les risques d’étouffement. La position de côté n’est pas assez stable pour être envisagée.

Pour minimiser les risques, évitez les oreillers, en particulier ceux en plumes. Aux couvertures, draps, couettes, préférez un simple surpyjama, plus léger. Le matelas doit être ferme, et parfaitement à la taille du lit, pour ne pas laisser d’espace où bébé pourrait tomber. La montagne de peluches dans le lit est dangereuse et pas plus réconfortante qu’un simple doudou.

Alléger le couchage permet également d’éviter l’hypothermie : veillez à ce que la température de la pièce ne dépasse pas 20 degrés.

Les risques de mort subite sont plus élevés lorsque l’enfant est dans un environnement de fumeurs : 4 fois plus de risques lorsque maman fume, et jusqu’à 7 fois si les deux parents sont fumeurs.

Survivre à une mort subite

Dans la plupart des cas, il est déjà trop tard lorsque le bébé est retrouvé. Néanmoins, il est parfois possible de le réanimer, en pratiquant un massage cardiaque ou du bouche à bouche. Même si tout est redevenu normal, une visite à l’hôpital est indispensable afin de détecter les raisons du malaise (infections sévères, hypothermie). Le bébé est gardé quelques jours en observation avant de repartir chez lui.

 

Lorsque le décès de l’enfant est constaté, une autopsie est toujours demandée aux parents, de façon à déterminer les causes possibles de la mort. Une étape difficile à vivre mais indispensable.

La mort subite du nourrisson laisse une marque ineffaçable sur la famille. Survenu alors que rien ne le laissait présager, le décès traumatise et culpabilise beaucoup de parents. Une aide psychologique est souvent nécessaire pour se reconstruire. Même si une hérédité du phénomène n’est pas encore avérée, les enfants cadets sont en général suivis, ne serait-ce que pour rassurer les parents.

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