La violence chez les tout petits

Entre deux et trois ans, c’est non!

Plus l’enfant acquiert d’autonomie et de capacités moteur, moins il accepte d’attendre pour satisfaire ses envies. La gestion de la frustration est le « gros morceau » de cette époque. Larmes et crises de colère (au moins une fois par semaine vers deux ans) sont un cap à passer, le plus difficile pour les parents et ceux qui s’occupent de l’enfant restant de ne pas céder eux-mêmes à la violence et de taper l’enfant.

En restant cohérent dans le temps et entre eux, en gérant les problèmes sur le moment et personnellement (et non pas « tu vas voir ton père ce soir, ça va barder »), la phase d’opposition ne devrait pas durer plus de quelques mois.

La tension redescend avec la maîtrise du langage

Plus l’enfant parle, moins il tape. A la crèche, « après avoir mordu et avoir été mordu un certain nombre de fois, peu à peu les violents corps à corps sont remplacés par des « pas beau » et autres « pas toi ! », premiers balbutiements de la diplomatie humaine », rapporte G. Crespin. On constate d’ailleurs souvent la diminution plus rapide de l’agressivité physique chez les filles, due à leur aisance verbale supérieure à cette époque.

Pour R.Tremblay, apprendre à être patient pour obtenir ce qu’on désire et apprendre à utiliser le langage pour convaincre les autres afin de satisfaire ses besoins sont peut-être les deux facteurs les plus importants à retenir lorsqu’il s’agit de contrer l’agressivité physique chronique.

Comment réagir face à un comportement violent

Ici, le rôle de l’adulte est fondamental : il doit accompagner la rencontre entre les bambins et leur montrer un autre rapport à l’autre. « Avant trois ans la punition n’est pas adaptée, assure M. G. Abgrall, car l’enfant construit ses repères. Le mieux, c’est de lui parler en étant ferme dans son attitude et ses mots, voire de le mettre à distance. L’enfant est très sensible à la réaction de l’adulte ».

De son côté, la pédiatre Edwige Antier met en garde contre le fait de mordre ou de taper en retour un enfant qui a mordu ou frappé, pour lui faire « comprendre » que ça fait mal : « c’est envoyer un message paradoxal. Tout ce que l’enfant comprend, c’est que cela se fait ».

« A cet âge, on se construit avant tout dans l’imitation », continue M.G. Abgrall. Pour G. Crespin, « la réponse, patiente et répétée, consiste à dire à l’enfant qu’il peut être fâché ou pas d’accord, mais qu’il peut obtenir satisfaction autrement, et à séparer les enfants sans chercher à comprendre qui a tort ou raison ». « Cela dit, il ne faut pas intervenir trop tôt non plus : les enfants qui se font « piquer » leur jouet sont parfois passionnés de voir comment l’autre s’en sert » commente M.G. Abgrall.

Méchant, un adjectif à éviter !

Avant toute chose, il est primordial de ne pas enfermer un enfant dans une étiquette. « Un enfant de 18 mois qui mord n’est pas « méchant » », rappelle E. Antier. Elle estime d’autre part qu’on doit apprendre à anticiper, « car à bien le regarder, on peut très bien repérer quand l’enfant va mordre ou taper ». Quand l’enfant se tape lui-même, c’est qu’il voudrait frapper l’autre, mais il a compris qu’il ne devait pas le faire. « Dans ces cas-là, essayez de faire diversion, de sortir de la situation » explique E. Antier.

Le pédopsychiatre Patrice Huerre insiste sur le jeu comme moyen de canaliser la violence, d’exorciser ses peurs, d’exprimer ses émotions. Dans son livre « Place au jeu », il raconte que des peurs archaïques de morcellement, de disparition, des peurs du noir, d’enlèvement et de meurtre habitent le monde interne du tout petit. Le jeu est une manière de jouer avec ces peurs, en les figurant dans un dessin, dans de la pâte à modeler… « A un premier niveau, le jeu canalise les angoisses, à un deuxième, il les transforme en source énergétique », assure-t-il.

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