1 000 jours qui comptent dans la vie de bébé

Interview

Les 1 000 premiers jours de la vie : 3 questions au Dr Catherine Salinier, pédiatre past-présidente de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire et vice-présidente de l’association Le Grand Forum Blédina.

 

> Qu’est-il important de faire pendant ces 1 000 jours ?

Tous les excès, quels qu’ils soient, doivent pouvoir être évités, donc il faut avoir une vie la plus saine possible et une alimentation la plus saine possible. Il faut être conscient et vigilant mais ne pas pour autant s’affoler. Tout l’enjeu de ce que nous voulons faire avec le Grand Forum Blédina est de donner des repères simples à mettre en place pour garder à l’esprit qu’il y a des choses à ne pas faire : l’alcool, le tabac, mener une vie très stressante lorsqu’on est enceinte ou au moment de la conception, manger trop gras ou très déséquilibré…

La mère doit faire attention durant toute la grossesse, et éviter les toxiques (tabac, alcool, pesticides, engrais…). Après la naissance de l’enfant, on sait que l’allaitement maternel contribue à prévenir de très nombreuses maladies chez l’enfant en particulier l’obésité et le diabète. Il favorise un meilleur développement physique et intellectuel de l’enfant, il faut donc que les jeunes parents fassent plus souvent qu’actuellement, le projet d’un allaitement maternel. Il faut également se faire bien accompagner de façon à ne pas aboutir à un sevrage trop précoce injustifié au moindre problème.

Concernant l’enfant, la diversification alimentaire commence à 6 mois pour les enfants allaités au sein, et 4-6 mois pour les enfants nourris au biberon. Il faut donner des laits adaptés aux nourrissons. Actuellement, on voit des dérives dramatiques avec certains courants qui préconisent de nourrir les enfants avec des « laits » végétaux qui n’en sont pas (jus d’amande ou autres).

Cela est absolument interdit pour l’alimentation des jeunes enfants. Durant la diversification, il faut apprendre aux enfants à aimer les fruits, les légumes. Là encore, il y a de nombreuses dérives, par exemple à un an presque un tiers des enfants mangent des frites une fois par semaine, alors qu’il est bien évident que les frites ne sont pas une alimentation d’enfant. Il ne faut pas avoir la phobie du gras et du sucre, qui sont indispensables mais il faut donner du bon gras, c’est-à-dire des huiles végétales et du beurre, mais pas de fritures qui sont trop riches pour les jeunes enfants et en quantité raisonnable On sait également que les enfants mangent beaucoup trop de viande, il faut donner la juste mesure de viande par rapport à l’âge. Un enfant de 2 ans a droit à 20-30g de protides (viande, poisson, oeuf) par jour. Concernant le lait, il vaut mieux donner des laits spécifiques qui sont dits « laits de croissance » plutôt que de donner directement du lait de vache qu’on ne donnera plutôt qu’après 3 ans. De même des laitages «spécifiques pour bébé » qui sont fabriqués avec ces laits infantiles. Ce sont des gestes simples à mettre en place.

Diversité alimentaire

> Quelles sont les conséquences observées s’il y a eu des excès durant cette période ?

Par exemple, le surpoids de la femme peut entraîner un diabète durant la grossesse, ce qui va affecter le développement du foetus. Cela se traite, si la future mère se fait suivre pendant sa grossesse, mais il vaut mieux le prévenir. On sait aussi grâce à des études qu’une alimentation trop riche en lipides de la part du père avant la conception peut déterminer une obésité chez sa future fille, par modification d’expression des gènes contenus dans le sperme du papa. On a toujours fait très attention à l’alimentation de la femme avant la conception, mais maintenant il faut aussi faire attention à l’alimentation du futur père. D’une manière générale, quand un couple a un projet d’enfant, il est important que les deux futurs parents aient une alimentation saine et un mode de vie sain.

> Les conséquences sont-elles irréversibles ?

Rien n’est irréversible, et il n’est jamais trop tard pour bien faire, mais le plus tôt est le mieux. Ce n’est pas nouveau : il est toujours plus facile de prévenir que de guérir. Il est aussi beaucoup moins cher de prévenir que de soigner, mais il est évident que rien n’est rédhibitoire.

Les pédiatres sont là pour surveiller la croissance de l’enfant, les anomalies éventuelles, en interrogeant les parents et en donnant des bons conseils d’alimentation on va pouvoir continuer la prévention. C’est pour cela qu’il faut être suivi dès le projet de grossesse, avoir une consultation médicale préconceptionnelle en couple afin de savoir ce qu’il faut faire au mieux avant.

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